montgolfière

Le Jour où j’ai fini en prison.

Exif_JPEG_PICTUREJe m’y sens bien, à Lisbonne… Tôt ce matin, je dévale avec allégresse les escaliers pour rejoindre l’école où j’apprends le portugais, quinze jours durant. A cette heure matinale, le quartier semble encore endormi mais il fait déjà bon dans les rues. Sur quelques murs des ruelles, je peux encore observer quelques sardines accrochées après les Festas de Lisboa*, en juin dernier. Elles me rappellent un peu plus que je regrette de les avoir ratées… Je descends encore quelques marches avant de laisser derrière moi la vieille ville pittoresque de l’Alfama, afin de prendre le métro. Je rejoins ensuite le secteur plus moderne où j’étudie, rempli de grands boulevards et autres centres commerciaux. Le trafic et le bruit reprennent ici leurs droits et je m’engouffre avec joie dans le bâtiment de l’ESL pour m’abriter, mais surtout pour assister aux cours de la matinée. Quatre heures d’enseignement à peine. Mais à la pause, une tradition chaque jour respectée avec mon voisin de classe: l’escapade à la boulangerie du coin pour y déguster avec enthousiasme le fameux pastel de nata*! Ce petit flan pâtissier typique posé sur une pâte feuilletée est encore meilleur dégusté tiède avec un café. Un rituel que je m’efforce donc de suivre, chaque matin, tout aussi studieusement que les leçons!

Il plane ici comme une atmosphère de bien-être inébranlable.

Mes après-midis sont libres et j’en profite pour explorer les environs. Il plane ici comme une atmosphère de bien-être inébranlable. Je me plais à sauter dans l’unique voiture jaune du fameux tramway de la ligne 28, icône qui serpente les charmantes rues pavées et tortueuses du centre-ville. Je traverse avec lui les plus beaux quartiers et m’économise ainsi avec plaisir quelques pentes bien raides! Les collines sur lesquelles s’est développée la cité offrent cependant des miradors que je préfère explorer à pied. De là, la vue sur Lisbonne et le Tage sont imprenables. Au bord de l’immense fleuve, je découvre la tout aussi vaste Place du Commerce, ouverte aux vents et reconstruite après le terrible tremblement de terre de 1755. J’erre aussi jusqu’à la mythique Tour de Belem avant de découvrir le somptueux Monastère des Hiéronymites (en portugais: Mosteiro dos Jerónimos), d’une richesse architecturale et d’une abondance sculpturale majeures. Je tombe littéralement sous le charme chatoyant de la ville. Mes pérégrinations me mènent enfin jusqu’au plus grand aquarium d’Europe, l’Oceanário de Lisboa. J’hésite à le visiter mais ses 5000 mètres cube d’eau dédiés à la protection et la sauvegarde d’espèces marines menacées ont raison de mes dernières réticences…

Je fais mes derniers adieux à la ville depuis le taxi et rejoins donc l’aéroport sans tarder. Rien ne s’y passe comme prévu.

Deux semaines dans ce décor folklorique passent à une vitesse folle. Ce soir je décide donc de profiter comme il se doit de ma dernière nuit sur place et de sortir au Lux, la boîte de nuit référence des docks de Santa Apolonia. Je suis accompagnée de deux suédoises de l’auberge de jeunesse et l’ambiance est festive et aloolisée… Il est bientôt 4h et le temps pour moi d’aller récupérer mes affaires pour pouvoir prendre mon vol (trop) matinal. Je fais mes derniers adieux à la ville depuis le taxi et rejoins donc l’aéroport sans tarder. Rien ne s’y passe comme prévu. Au contrôle de sécurité, je m’aperçois trop tard que j’ai laissé mon opinel et ma bombe lacrymogène dans mon sac à main. Cette étourderie ne plaît pas du tout à l’officiel qui m’inspecte: si le couteau trouve grâce à ses yeux (il s’en empare clandestinement et le fourre dans sa poche), il en va tout autrement de l’aérosol. J’ai beau argumenter, la police est appelée et mon avion, lui, raté! Me voilà bientôt au poste, menacée d’une amende que je refuse de payer et ébranlée par un gradé peu conciliant. Je comprends cependant dans mon portugais balbutiant que les bombes lacrymogènes sont interdites au Portugal et que je vais être jugée pour mon crime. Une voiture de police me conduit alors en ville, et je suis amenée en prison pour la première fois de ma vie!

Je ferme les yeux pour échapper à la lueur désagréable des néons blafards (…)

Je dois avouer que je suis complètement ivre. C’est donc sans mal que je m’endors sur le banc de ciment de la cellule, implacable et gelé, mais au demeurant très propre. L’endroit semble neuf. Je ferme les yeux pour échapper à la lueur désagréable des néons blafards et songe à mes souvenirs portugais, dont le ciel toujours si bleu et la chaleur qui réchauffe les os. Mon escapade à Sintra où je retournerais volontiers me cacher dans ces palais extravagants! Mon week-end à Porto où j’ai pu découvrir la magnifique vallée verdoyante du Douro. Mon équipée à Tavira, la petite cité Maure de l’Algarve, au bord de la mer… Que de satisfactions j’ai pu ressentir dans ce pays! Mais bientôt mon avocate commise d’office m’extirpe de mes rêveries. Je ne sais pas combien de temps exactement s’est écoulé depuis mon arrivée ici, mais je ne me sens toujours pas mieux lorsqu’elle commence à m’interroger. Je n’ai toujours rien bu ni mangé depuis les cocktails de la veille, et je crains que ces derniers aient été bien trop nombreux! Elle établit rapidement qu’il s’agira de plaider l’ignorance de la loi portugaise, ainsi que le port d’arme défensif de l’atomiseur que je garde uniquement sur moi pour me protéger.

La tête tourbillonnante, je tente de participer aux débats (…)

Le moment de passer devant le juge est arrivé et l’on m’offre un verre d’eau avant mon entrée. Je l’accepte avec mollesse. Erreur fatale. La tête tourbillonnante, je tente de participer aux débats, ou tout au moins de les comprendre en portugais. Puis je sens que je vais être malade et tout va très vite. Je n’ai même pas le temps de m’exprimer avant de courir vers les toilettes. J’ai honte de mon comportement d’alcoolique éméchée, pourtant lorsque je reviens dans la chambre je comprends que la situation n’a pas eu l’effet redouté. Le juge, bienveillant, semble attribuer mon attitude au stress de la situation et décide de me prendre en pitié: je suis immédiatement relâchée! On me fait signer des papiers avant de me raccompagner à l’aéroport. Racheter un billet pour Paris parachève financièrement la punition… J’erre pendant des heures dans le terminal en maudissant ma gueule de bois. Quelques heures plus tard, c’est enfin le départ. Je parviens à m’assoupir, partagée entre la gêne de l’événement et la chance de m’en être tirée à si bon compte.

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*Festas de Lisboa = Saint Antoine, très vénéré à Lisbonne, est considéré comme le saint patron de la ville. Sa célébration est à l’origine des festivités dont le point culminant est atteint dans la nuit du 12 juin. Les sardines y sont également à l’honneur, notamment avec un concours de design. Des supports cartonnés des vainqueurs sont créés pour la vente et sont affichés partout en ville.

Plus d’informations ici http://lisboanarua.com/festasdelisboa/

*Pastel de nata = ou Pastel de Belem, la recette aurait été confiée par un moine du monastère des Hiéronymites voisin en 1837.

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CONSEILS PRATIQUES

Voyager vers le Portugal depuis la France est très simple. Plusieurs vols quotidiens se rendent vers Porto, Lisbonne et même Faro.

N’oubliez pas de vous renseigner sur votre destination et notamment sur ce que vous avez ou non le droit d’emmener!  Evidemment, ne tentez pas le coup de la bombe lacrymo ou de tout autre aérosol qui pourrait s’y apparenter de près ou de loin… En cas de souci, n’hésitez pas à appeler ou faire appeler l’Ambassade de France sur place.

Dans le tramway en général, attention aux pickpockets, surtout en haute saison!

Pour un séjour sportif, n’hésitez pas à apprendre le surf. Vous trouverez aisément des leçons sur place car les conditions sur la côte Atlantique sont en général propices à la pratique de ce sport.

OU DORMIR

Lisbonne bénéficie d’une offre considérable en matière d’hébergement. La plupart des hostels sont récents, propres et très bon marché. Pour ma part, j’avais choisi This is Lisbon qui offre une terrasse avec vue imprenable sur la ville!

Vous y trouverez des dortoirs ou des chambres privatives, un petit-déjeuner inclus ainsi qu’un dîner optionnel, proposé en sus. L’endroit est calme et très bien situé sur les hauteurs, à côté du Castelo de São Jorge. Attention cependant si vous êtes en voiture, les conditions d’accès seront plus difficiles…

carte portugal